Voyage à Muanda
Mercredi à midi, Magalie et l’abbé Gérard, prennent Loraine à Lukala. Direction Matadi. Nous y rencontrons Manon. Nos retrouvailles donnent lieu à de grandes discussions ponctuées d’éclats de rire. Le soir, pour la première fois depuis notre arrivée nous allons nous déhancher sur la rumba congolaise même si nous ne rivalisons pas avec le coup de hanche des Africaines ;)
Le lendemain, nous partons pour une journée de voyage afin de rejoindre Muanda, village au bord de l’océan Atlantique. Nous y arrivons le soir, fatigués et les fesses en compote.
Vendredi matin, après une bonne nuit de sommeil, nous visitons les sites où la vente des esclaves s’effectuait. Des lieux chargés d’émotions. Nous découvrons les chaînes où ils étaient attachés ainsi que la marmite dans laquelle la nourriture leur était préparée. Nous nous arrêtons également devant le trou où les esclaves étaient campés. Depuis, le trou a été passablement comblé par le sable et envahi par la nature comme si la vie avait repris le dessus et qu’on a voulu tourner la page. Nous longeons les belles côtes de l’océan tout en y découvrant les plages qui servaient d’embarcadère aux bateaux amenant les esclaves en Amérique. La beauté de ces lieux contraste avec son histoire et la souffrance qui y a régné. L’atmosphère ambiante nous rappelle celle des plages de Normandie.
Après avoir dégusté un plat de crevettes et de langoustines, nous nous dirigeons vers l’océan. Nous découvrons une magnifique plage de sable fin. Une vue imprenable sur l’océan et les falaises rouges se déroule devant nous. Jusqu’au coucher du soleil que nous admirons assis les pieds dans le sable, nous jouons dans les vagues, enterrons l’Abbé Gérard et Sœur Mireille. En résumer une vraie après-midi de vacances !
Le samedi, c’est avec regret que nous quittons Muanda pour rejoindre Matadi. En chemin, nous nous arrêtons pour acheter des ananas, des noix de coco et des mangues. Nous passons encore une dernière soirée ensemble avant de quitter Manon, le dimanche en fin de matinée. Sur la route du retour, Magalie et Loraine rencontrent quelques contretemps. À la sortie de Matadi, un camion transportant un container s’est renversé sur la route. Du coup des kilomètres de bouchons se sont créés dans les deux sens. Une telle agitation règne au bord de cette route, des gens s’agglutinent sur les talus, certains dorment à l’ombre sous les camions, des vendeurs profitant de la situation circulent avec des paniers remplis de nourritures sur leurs têtes… Un passant nous apprend que la route est bloquée depuis la veille au soir ! Nous nous regardons surprises. Pour nous, bons européens, il est impensable de constater que la route n’est toujours de dégagée. Le chauffeur trouve une solution : nous détournerons l’accident par une piste qui longe les pipelines de la société pétrolière. Mais très vite nous nous faisons arrêter par un employé de la société armé d’une calachnicof. Il commence à crier vers nous et sur la voiture nous précédant et brandissant son arme. Les filles, nous nous faisons toutes petites à l’arrière de la voiture, pas très rassurées. Après des négociations et surtout l’avoir gracieusement payé, il nous laisse passer. Nous parcourons une centaine de mètres et voilà qu’un militaire également armé nous arrête pour avoir lui aussi sa part ! Le comble c’est quand partant, il nous lance « que la paix soit avec vous ». Nous continuons notre chemin vers nos communautés respectives quelque peu sidérées et révoltées par les évènements qui viennent de se dérouler.Cependant ce dernier aléa, ne nous enlèvera pas les bons souvenirs que nous nous sommes faits durant ce séjour.
Loraine