Magalie - Kwilu, déjà un mois!
Samedi dernier, retour à Kwilu après trois jours passés à Lukala. Nous passons la journée de dimanche au calme, le repos est bien mérité après une semaine chargée. Une enseignante vient nous rendre visite avec sa fille âgée d’une année à peine. Elle s’appelle Consoldie et je l’ai déjà adoptée ! Quelle magnifique petite fille, j’ai promis à sa maman que dès qu’elle sera plus grande, je l’inviterai en Suisse pour les vacances !
Début de semaine plutôt tranquille avec une petite broutille qui m’est arrivée mercredi. En voulant me rendre à la cité en taxi-moto, j’ai malencontreusement appuyé mon pauvre petit mollet contre le tuyau d’échappement de la moto. Résultat, une zone de peau violette-bleue-rouge toute brûlée pas belle du tout s’est formée… ça, ça s’appelle s’intégrer à l’environnement, non ?!
Mercredi soir, 21h à la maison. On frappe, j’ouvre la porte. Tiens, un blanc !?? D’où sort-il ? C’est l’administrateur délégué de la Compagnie Sucrière de Kwilu-Ngongo qui vient me rendre visite. Il a entendu parler qu’une ‘expat’ était dans le coin. Sa curiosité l’a poussé à ma porte. Très simple et gentil malgré un brin d’autorité que je pouvais déjà ressentir.
Il se présente, Eric, Belge, 64 ans. Il travaille à la sucrière depuis longtemps et il mène actuellement le bateau de cette grande entreprise en faisant des allers-retours entre l’Europe et l’Afrique neuf à dix fois par année. Il m’invite à dîner avec lui jeudi à midi et c’est avec plaisir que j’accepte. Il inspecte ensuite ma chambre, la salle de bain… Il s’inquiète de mon confort. Mais je le rassure, j’ai ici tout le nécessaire et j’en suis parfaitement satisfaite. Mais tout de même, il insiste sur le fait qu’au moindre besoin matériel ou sanitaire, il peut m’aider. C’est entendu.
Jeudi, 13h, j’arrive devant la propriété. Une villa gigantesque, un jardin parfaitement tenu, une piscine bleue turquoise qui semblait m’appeler… Le cuisinier vient m’ouvrir la porte et m’installe dans le salon. OUAH ! Quelle maison ! Mobilier design, propreté remarquable… Eric arrive quelques minutes plus tard, nous commençons à discuter. Je lui explique mon travail ici, mes études en Suisse, mon attirance envers l’Afrique, mon envie de découvrir les gens, la culture, la vie tout simplement. Nous mangeons comme des Rois ! J’ai l’impression d’un coup d’être parachutée en Europe. Pas que la nourriture congolaise ne soit pas bonne, mais j’avoue que manger tout un repas ‘à l’Européenne’ avec du VIN m’a fait grand bien ! Plaisir gustatif !
Fin de semaine, fête du cinquantenaire de Mayenga. Pour l’occasion, des événements ont été organisés. Matchs de foot, concerts de rap, danse, conférences etc. Lorsque je regardais le match de foot, je me suis d’un coup replongée deux ans en arrière quand j’avais eu l’occasion en Afrique du Sud de suivre un match des élèves d’une école. La même ambiance, la même joie, le même engouement pour ce sport tant aimé sur le continent Africain.
Pas de cours donc pour les élèves de Mayenga en cette fin de semaine. J’en profite pour donner quelques cours supplémentaires de français aux élèves de 1ère secondaire de St-Joseph car ils n’ont plus de professeur depuis quelques temps. Je constate des lacunes importantes chez certains élèves et je me demande comment ils ont pu passer entre les gouttes du redoublement. Peu importe, il faut y remédier et je vais tenter de donner des appuis à ces élèves. Rien n’est jamais perdu !
Jeudi matin était d’ailleurs synonyme de proclamation pour les 1ère secondaire. Je ne connaissais pas ce rituel et l’occasion était alors venue de le découvrir. Il s’agit de classer les élèves de la classe du premier au dernier, ceci devant toute l’école qui regarde et qui, à la fin, huent les élèves qui se trouvent en fin de liste… J’ai été surprise par cette manière de procéder et apparemment les autres enseignants ont remarqué sur mon visage que cette méthode n’était pas forcément à mon goût. Nous en avons discuté, ils m’ont juré que les élèves ayant été humiliés devant toute l’école feront tout pour ne pas l’être à nouveau en février. ABE, j’attends de voir, sans pour l’instant porter de jugement. Bref, la scène s’est terminée par des pleurs et des consolations, j’avoue que cela m’a fait mal au cœur pour les élèves qui travaillent et qui sont actifs en classe mais qui n’arrivent pas à atteindre la moyenne, ils sont nombreux, malheureusement.
Samedi après-midi, visite des plantations avec Eric et son pick-up. Les paysages défilent, canne à sucre à perte de vue, rochers de calcaire, restes de forêt tropicale… Que de splendeur. Sur le chemin, j'entends des 'MAGALIIIIIIIE'!!! Tiens, mes élèves, ici?! Je n'imaginais pas qu'ils pouvaient habiter si loin de l'école... Je comprends maintenant pourquoi certains dorment sur leur banc en classe... Nous traversons quelques villages où les ouvriers agricoles habitent avec leurs familles. Ca fait mal. Trois mots pour résumer, monde d’injustice. Il est difficile en tant qu’Européenne en Afrique, de se positionner. On espère un changement, c'est tout.
Que de réalités, des réalités qu'on ne peut pas ignorer, elles nous sautent au visage qu'on le veuille ou non... Certains veulent les cacher, d'autres les dénoncent.
NOUVELLES PHOTOS EN LIGNE DANS 'MAG A KWILU-NGONGO' :)