Loraine - Baptême Congolais

En fin d’après-midi, comme tous les mardis, nous dirigeons vers une sous-paroisse de Lukala, qui est quelque peu retirée. Nous devons d’abord prendre un chemin de terre à travers un quartier pour arriver sur une route goudronnée puis nous reprenons un sentier au milieu de petites maisons de briques pour arriver à un bâtiment très simple qui sert d’église. Cela nous fait environ une demi-heure de marche. Nous retrouvons un groupe d’une dizaine de personnes qui se nomment les intercesseurs.

La première fois que j’y ai participé, nous sommes arrivées en retard et déjà aux environs de l’église, j’entendais des cris et des chants. Lorsque nous sommes devant le bâtiment, je me rends compte que le brouhaha est produit par le groupe que nous allons rejoindre. J’ai regardé la sœur avec de grands yeux. Je me suis dit c’est quoi cette secte !  Mais non c’est bien ici, nous rentrons… Après cette première participation, la sœur m’explique en détail ce que font les intercesseurs. Ce groupe se réunit une fois par semaine, dans le but de prier pour des personnes en particulier qui se présentent à l’église ou pour des groupes de personnes comme les malades, les impotents, les habitants de l’Est…

Aujourd’hui nous arrivons en avance, donc nous accueillons les personnes qui se présentent pour exposer leurs intentions de prière. Ce soir, nous recevons une femme ayant des difficultés à tomber enceinte, un homme qui a perdu sa femme, une jeune fille qui part à la capitale pour entreprendre des études. Lorsque tous les intercesseurs sont arrivés et que les personnes ont exposé leurs intentions. Nous commençons par quelques prières et chants, puis nous nous mettons en demi-cercle face à l’autel. La jeune fille s’avance et se met à genou au pied de l’autel, là, l’animateur explique pourquoi elles se présentent aux intercesseurs, nous entonnons un chant et à la fin de celui-ci tous commencent à prier à haute voix, chanter ou danser pour la cause de la jeune fille… Après quelques minutes le silence revient, un intercesseur va relever la jeune fille et une autre personne prend sa place et ainsi de suite.

Cette façon de prier peut paraître étrange, mais je peux vous dire que lorsqu’on la vit, il y dégage une grande force. Dans ce cas, ce qui me touche le plus, ce n’est pas la manière ou la prière en elle-même, c’est le geste. Ce groupe de personnes est là chaque mardi, pour accueillir les gens de leur communauté en difficulté. Prendre un peu de temps, pour discuter avec eux et partager. Ces intercesseurs sont des fois dans la même détresse que les gens pour qui ils prient, mais en cette soirée ils pensent en premier aux autres ! Depuis que je suis ici, je peux dire que c’est la première fois que je me dis qu’il y a quelque chose qui pourrait à l’avenir se transformer en une réelle structure d’accueil ou d’aide sociale.

Ce soir peu avant que nous terminions, le ciel c’est soudainement assombri, un vent violent se lève et tout à coup une forte pluie s’abat sur la cité. Après quelques minutes, la pénombre est déchirée par de grands et nombreux éclairs, la pluie redouble. Dans l’église, nous nous entendons plus parler, un bruit assourdissant y règne à cause de la pluie qui tombe sur le toit en tôle. J’ai rarement vu un orage d’une telle intensité ! Je regarde, pas très rassurée, les personnes autour de moi. Nous attendons tous que l’orage s’éloigne pour regagner nos foyers, cependant après 45 min, il ne passe toujours pas.

Ahhh une petite accalmie, tous nous nous levons et nous nous précipitons dehors afin de rentrer, mais à peine sorti, la pluie recommence à tomber violemment. La sœur me prend par la main et avec deux autres jeunes intercesseurs, nous tentons d’avancer.  L’eau sur le chemin forme une rivière qui nous arrive jusqu’au genou. La pluie frappe nos visages. Comme le quartier ne possède pas l’électricité, nous sommes éclairées par les éclairs qui zèbrent la pénombre. Nous avançons main dans la main, au bout de 10 min, nous sommes déjà essoufflées, nous faisons une petite pause et prenons le temps de nous regarder pour la première fois depuis le départ… Et là nous éclatons de rire, notre état est lamentable. Puis nous continuons, nous arrivons sur la route, une voiture nous asperge gracieusement, de toute façon on ne pouvait pas être plus mouillées ! Après une heure dont environ la moitié avec l’eau jusqu’à la mi-mollet, nous arrivons au couvent. Nos crânes nous font mal tellement la pluie tombait fortement, nos muscles abdominaux également car nous avons ri tout le chemin ! Mais lorsque je pense aux personnes qui habitaient les quartiers que nous avons traversés, dans leur simple maison de briques, vu les torrents à l’extérieur, je n’ose pas imaginer à l’intérieur… et là le tableau de la soirée s’assombrit quelque peu. Ma dernière pensée avant de m’endormir les pieds bien au sec fut pour eux.

Comments

[Loraine89]

Bonjour Parrain,

Merci pour ton message et ton soutien. Je te souhaite une bonne fin d'année ;)

[Claude]

Bonjour Loraine,

Quelle beauté dans les paysages, mais aussi dans vos textes. Je comprends que vous vivez pleinement cette aventure, les beaux comme les moins beaux moments. Cela ne doit pas toujours être évidents, mais on ressent votre bel engagement pour ces enfants et peuples du Congo. Très beau, bravo et bonne continuation avec beaucoup de satisfactions et de courage. A bientôt. Claude