Loraine - la journée internationale de la femme

La journée commençait mal. J’ai passé ma matinée chez le médecin pour avoir des résultats qui disent que pour la deuxième fois en peu de temps, j’ai la malaria... Un tracas qui s’ajoute aux autres qui me suivaient cette semaine. Celui en trop, fatiguée et le moral dans les chaussettes, je rentre me terrer dans ma chambre. Après un téléphone avec ma maman arrangeuse comme d’habitude, une visite de la sœur Itridat et un peu de repos, je me retrouve d’aplomb. Le cœur allégé, je me prépare pour un concert donné en faveur de la journée internationale des femmes, auquel j’ai été invitée par un patient du centre. Mes collègues de travail qui seront présents au concert et mon cavalier ont insisté pour que je porte pas seulement le pagne, mais un double pagne (superposition de deux pagnes, tenue que mettent les mamas) en cette journée. Du coup, je fais appel aux sœurs pour mon habillage puisque le double pagne est une première pour moi.

Mon cavalier vient me chercher tout bien habillé et à l’heure, petit plus que je savoure ;) Cela me fait tout bizarre, car d’habitude, je le vois en training en train de faire ses exercices de physiothérapie et avec ses béquilles et là je découvre une autre personne. Je pense que nous avons été surpris les deux… Car pour moi aussi cela change de mes tenues souvent pleines de chocolat, biscuits ou de jus de mes cheveux tout ébouriffés, gentils cadeaux que me laissent les enfants à la fin d’une matinée d’école. Amusés, nous nous déplaçons au concert.

Là aussi, des surprises m’attendent. Les chanteurs sont un groupe de musique religieuse. Cependant, rien à part les paroles ne laisse y croire. Du rythme endiablé ;) des fans hystériques, des déhanchés sexy, des jeunes… Cela me fait penser à certains anciens films ou reportages américains où on voit une communauté noire qui prie en dansant ou criant, chantant du gospel, les femmes habillées de robes meringuées et avec un grand chapeau et des hommes en costard.

Malgré le grand nombre de personnes, je suis la seule blanche. Cependant, je le remarquerai que plus tard. Je me sens bien, je me sens à ma place, je fais partie du décor, je n’ai pas l’impression que je suis différente. Je suis habillée la même chose que les autres femmes. Avec ma base de rumba et mes quelques pas connus de danse congolaise, je peux me mouvoir plus ou moins comme les autres. J’arrive à percevoir en gros le sens des chansons qui sont en lingala. Je suis avec des gens qui deviennent mes amis, avec qui je suis à l'aise et cela peut paraître bizarre, mais que je connais par moi-même sans lien avec les sœurs ou prêtres. Je ne me sens pas étrangère…

Avant la dernière chanson, le chanteur fait un petit speech sur le thème de la journée et invite plusieurs femmes sur scène. Il dit qu’aujourd’hui c’est la fête des femmes du monde entier, toutes unies, alors mama Loraine doit aussi monter sur scène ! Je n’ai pas le temps de comprendre ce qu’il se passe que je sens des mains qui me poussent en avant. Résultat, je dois danser sur scène le temps d’une chanson. Un mélange de honte et d’amusement… Lorsque nous quittons, beaucoup me sourit et me félicite pour ma tenue, mais mon sentiment de ne plus être étrangère s’est envolé.

En commençant, cette journée je n’aurai jamais imaginé ce qu’elle me réserverait. Cette journée de la femme à qui en Suisse, je n’avais jamais prêté attention m’a réservée une très belle surprise. Je me suis couchée le sourire aux lèvres, la tête remplie de nouveaux souvenirs et le cœur.

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Comments

[cmj]

Bravo chère Lorraine pour votre beau et vrai courage! Que Dieu vous bénisse! Bon séjour encore et tout bon travail au milieu des gens

claire-marie