Loraine - une aube mystérieuse
Matadi, Soyo, le 10.12, 4 h 39 : première insomnie congolaise.
Les premiers bruits du jour naissant titillent ma curiosité et me poussent en dehors du lit. Je me faufile à pas calfeutrés hors de ma chambre pour rejoindre le jardin. Ma lampe de poche, un papier et un crayon à la main certaine que cette escapade m’inspirerait. Je fais des foulées hésitantes en éloignant de mes pensées toutes les sortes de petites bêtes qui s’y trouvent. Je me love confortablement contre un muret. Malheureusement, une brume enveloppe la ville, je ne peux distinguer que quelques lumières qui la percent. Je ferme les yeux et me laisse bercer par la mélodie de l’aube. Le bruit des insectes, le chant des oiseaux, un léger vent, un coq au loin qui chante… J’ai l’impression d’être en pleine nature. C’est apaisant. Comme si tous les sons de la ville étaient engloutis par cette ouate qui l’entoure. Peu à peu le monde se réveille autour de moi. Une femme apporte de l’eau à sa maison à l’aide d’une bassine perchée sur sa tête. Des hommes descendent en ville. Une sœur sort faire sa lessive. J’entends la voix d’un enfant. Des cloches qui sonnent. Une voiture qui démarre, une porte qui grince. L’ambiance devient plus lumineuse, la brume moins dense. Les maisons se dévoilent, le fleuve se dessine. L’agitation reprend sa place, les premiers klaxons retentissent à mon grand regret. Et une sœur vient me démasquer…
Une aube africaine magique qui sent bon la fraîcheur et le dépaysement. C’est pour des petits moments comme ceci que je suis venue ici, pour ses petits instants de bonheur volés à la vie africaine. Ceux-ci nous aident à surmonter certains tracas quotidiens que nous rencontrons.
Après presque un mois d’absence, l’Évêque revient à Matadi. C’est pourquoi moi aussi, je me suis déplacée, sans Magalie à notre grand regret qui a été retenu par un contretemps. Hier nous avons participé à une messe de 6h, oui j’ai bien écrit 6h ! Un père de la paroisse a parlé du bonheur et a lu un poème qu’il a composé. Un coup de cœur pour Manon et moi. Alors ce matin, les filles je publie ce poème rien que pour vous, car celui-ci peut se réaliser ici en grande en grande partie grâce à vous <3
On n’est jamais heureux seul
Écoute cette belle mélodie,
Une mélodie qui étanche la soif,
Une mélodie qui ouvre au bonheur,
Une mélodie qui fait appel à une vie nouvelle…
Oui, on n’est jamais heureux seul,
Le bonheur est toujours à partager,
Le bonheur est toujours à deux,
Le bonheur est toujours communautaire…
Oui, écoute cette mélodie
Une mélodie qui s’oriente vers l’autre,
Une mélodie qui s’ouvre à l’autre,
Une mélodie qui pousse à la socialisation…
Car, on n’est jamais heureux seul,
Le bonheur est toujours à partager,
Le bonheur est toujours à deux,
Le bonheur est toujours communautaire…
Oui, on n’est jamais heureux seul !
Père Blaise MPUTU ELIMA