Loraine - Une journée congolaise

Hier, avec Sœur Giselle, nous sommes allées apporter des tissus dans une paroisse des quartiers les plus pauvres de la ville. Celui-ci se trouve sur la colline culminante de Matadi. La ville s’entend tout autour de nous, une vue imprenable. Pour rentrer, nous décidons de descendre à pied. Nous nous engouffrons dans les rues du quartier. De chaque côté des rues, une lignée de petites baraques bricolées qui font office de magasin se suivent. Quasiment chaque stand à sa propre musique avec son vendeur qui essaie d’attirer les passants en criant. Les femmes avec leur pagne colorent la rue.

Après une demi-heure de marche, nous bifurquons dans une petite rue, qui se resserre au fur et à mesure que nous avançons, pour terminer nous sommes l’une derrière l’autre à scionner entre les maisons. Nous nous arrêtons devant une maison qui est celle des nièces de la Sœur. Les deux femmes nous accueillent chaleureusement en nous embrassant. Elles nous proposent d’entrer, à peine assises, des boissons et de la nourriture nous sont servies… Pas question de rechigner. Une ribambelle d’enfants nous tourne autour. Un garçon danse et chante devant moi. Lorsque j’arrive traduire seule sa chanson, j’éclate de rire.  « Aujourd’hui, c’est la joie, c’est la joie, une blanche est dans notre maison ».

Comme la sœur de la Sœur ;) n’était pas là, nous allons la trouver au marché voisin où elle a son stand. Nous circulons difficilement entre les étales serrées l’une aux autres. Enfin nous l’apercevons. Comme elles ont à parler, elles m’installent sur un cageot qui fait office de chaise derrière le stand. Les femmes des étales d’à côté me lancent des regards amusés et surpris. J’observe l’ambiance survoltée du marché. Toutes sortes de marchandises se côtoient, chaussures, vêtements, lait en poudre, thés, savons, poules, œufs, feuilles de manioc, safous, ananas, oignons, mais aussi farine de manioc, graines de courges, de sésames, haricots secs… les gens circulent avec les achats sur la tête, négocient, touchent, goûtent. Les vendeuses parlent entre elles et rient, en coupant leurs feuilles de manioc. Tout d’un coup l’une d’entre elles crie « mayi, mayi », alors plusieurs vendeurs accourent vers elle avec leurs sachets remplis d’eau. L’odeur âpre des feuilles de manioc coupées se fait sentir. Des vagues de chaleur humide m’arrivent de temps à autre du poêle de charbon de notre stand où du thé aux herbes locales bout. Une cliente arrive, comme les prix sont affichés, on me fait comprendre que c’est moi qui dois la servir. Je m’exécute avec amusement. Alors j’entends une clameur qui monte des stands autour, les vendeuses font leur cri local pour me féliciter. La discussion terminée nous repartons les bras chargés.

De retour au couvent, j’aperçois des mamas des maisons du quartier qui prépare à manger dans la cour du couvent. Le soir, il y a une fête au couvent. Je me joins à elles pour préparer. Tout sur le charbon, nous grillons poissons, poulets, bananes et faisons une sauce aux aubergines. J’aime ce concept : lorsqu’il y a une fête, au lieu comme nous avons l’habitude de le faire chez nous que chacun prépare quelques choses de son côté, ici tout le monde se rassemble et passe l’après-midi à préparer ensemble et à discuter. Les hommes s’occupent de la mise en place, de la musique et la boisson et les femmes de la nourriture. Je trouve ceci géniale, on sent bien, que l’idée de la fête est un moment passé sous le signe du partage et de l’amitié.

Comments

[Maman]

Loraine

J’essaye de m’imaginer la scène. La surprise pour les acheteurs de se retrouver en face d’une vendeuse blanche. Et pour toi encore une belle expérience de vie africaine.